"Il faut comprendre, comprendre une fois pour toutes qu'être aveugle, c'est être visionnaire. J'absorbe des milliards de signes qui, à ma propre surprise, forment une image. Je n'ai rien vu : ni la côte du Portugal, ni les grands bateaux de fer, ni même le visage de Valouchka. Je pourrais, pourtant, les décrire minutieusement.
Aucune imposture de ma part. Je suis, par les circonstances, acculé à créer des visions, des paysages intérieurs. Mon regard, désormais, ne rencontre plus de limite. C'est pourquoi, avec ironie et une certaine horreur, je dis à qui me le demande que je vois à perte de vue."
Ce que dit ici Hugues de Montalembert – ce chemin de nuit, cette
reconquête du monde, cette quête ardente de l'invisible -, nul ne peut
l'entendre, non seulement sans être bouleversé, mais sans s'interroger
soi-même du plus profond de sa chair et de son esprit.
Ce que dit Hugues de Montalemebert remet tout en question.
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